Il paraît que sport de haut niveau et Bordeaux se conjuguent mal. On associe souvent la cité girondine avec le vin, le tourisme et la culture. Et pourtant plusieurs clubs sportifs travaillent ardemment pour redonner à la métropole Bordelaise ses lettres de noblesses. Developpermonclub.fr a souhaité s’intéresser à ces clubs et vous proposera tout au long de 2019 des rencontres avec des acteurs du sport Bordelais.
Pour notre nouvelle étude de cas, nous avons eu le plaisir de rencontrer Mathieu Carrion qui est en charge du développement du Mérignac Handball. Après un superbe entretien il nous a livré, sans langue de bois, sa vision et la stratégie de son club pour promouvoir le sport de haut niveau « au féminin ». Nous vous en proposons une synthèse via 2 articles à paraître pour ce mois de Mars.
Le premier article portera sur la présentation du métier exercé par Mathieu et de l’identité du club avec ses caractéristiques. Nous vous présenterons la stratégie de développement et la structuration du club dans la seconde partie.
Bonne lecture.
D.C : Bonjour Mathieu, merci de nous accueillir dans vos locaux. Peux-tu te présenter et nous expliquer ton rôle au sein du Merignac Handball ? M.C : Je suis chargé de développement au sein du #MHB avec des missions axées autour de la structuration du club et de la communication. Je travail en relation directe avec notre vice-président Pascal Morganti qui suit de près le développement et la structuration du club. Mes missions principales sont la gestion des partenariats sur la partie commerciale, la communication interne et externe ainsi que la programmation et l’organisation d’événements parmi lesquels on retrouve les matchs de l’équipe qui évolue en 2nd division féminine du championnat de France. Avec le temps, quelques tâches sont venues s’ajouter telles que la gestion de la boutique mais aussi épauler l’organisation des stages par exemple.
D.C : Comment es-tu devenu chargé de développement pour les clubs sportifs ? M.C : Après le lycée, j’ai fait un DUT Techniques de Commercialisation. Je me suis lancé dans cette formation sans avoir une idée fixe de métier. J’appréciais la partie commerciale et la communication. J’ai eu l’occasion de participer à des projets et des stages dans des structures sportives en aidant notamment à organiser des grands événements (centenaire du Biarritz Olympique, Organisation d’un tournoi de golf). J’ai aussi eu l’opportunité de travailler chez Intersport. Je me suis rendu compte, qu’inconsciemment, j’ai toujours choisi des expériences dans le milieu du sport et que cela me plaisait.
J’ai décidé donc de poursuivre en faisant une licence et un master en Management et Ingénierie du Sport à Bayonne. J’ai par la suite réalisé mes stages au sein du service communication d’un club de rugby de ProD2. C’est à ce moment que j’ai réellement découvert le milieu du sport professionnel. Ensuite j’ai rejoint les rangs de Basket Landes où je gérais principalement la communication et la billetterie.
D.C : Et c’est après que tout cela que tu as pris poste à Mérignac ? Peux-tu nous expliquer le contexte dans lequel tu es arrivée ? M.C : Je suis arrivée en 2016 après avoir terminé mon contrat à Basket Landes. Je suis arrivé quasiment en même temps que la nouvelle équipe dirigeante. Le club était dans une situation financière délicate, héritée de la professionnalisation du handball féminin (création de la LFH). J’ai eu envie de relever le challenge, il y avait l’espace et les moyens de faire quelque chose de sympa avec un projet sportif ambitieux. Je suis passionné de sport, pas spécialisé dans une discipline en particulier mais davantage connaisseur sur le rugby. Mais du moment que tu aimes le sport, que tu sais travailler en équipe et que tu connais et maitrise ton métier, alors il te reste plus qu’à t’imprégner de l’environnement et du projet.
D.C : Quels sont les atouts pour un club comme Mérignac selon toi ? M.C : Nous avons la chance qu’il y ai une histoire avant tout. Les gens se souviennent qu’il y a eu du sport de haut niveau féminin sur l’agglomération Bordelaise. Mérignac a connu le plus haut niveau français avec de nombreuses saisons en première division et une finale de Coupe d’Europe disputée il y a une dizaine d’années.
Sportivement, on a prouvé qu’on était capable de réussir et de toucher du bout du doigt le très haut niveau. Nous l’avons montré l’année dernière avec le titre de Champion de France D2F remporté. Nous ne pouvions pas accéder à la première division car nous n’avions pas le statut VAP*.
D’autre part, notre équipe réserve a connu deux promotions les deux dernières années en passant de la Nationale 3 à la Nationale 1 entre 2016 et 2018. Constituée d’une majorité de joueuses de moins de 22ans, c’est une réelle plus-value pour recruter, former et fidéliser des jeunes joueuses. Une seule division sépare notre équipe fanion de notre équipe réserve.
* VAP = Voie d’Accession au Professionnalisme attribué par la Fédération Française de handball.
D.C :Avez-vous beaucoup de concurrence locale et est-elle un frein pour votre développement ?
M.C : C’est vrai qu’il est difficile d’exister sur la Métropole Bordelaise à côté de grands clubs qui représentent le haut niveau comme l’#UBB au Rugby, les #Girondins de Bordeaux au Football ou encore les #Boxers de Bordeaux pour le Hockey sur Glace.
A cela, il faut aussi ajouter les clubs féminins qui évoluent dans l’élite de leur sport comme les #Burdies pour le Volley, les Girondines au Football ou encore le Stade Bordelais au Rugby.
Si l’on regarde pour le Handball, nous sommes aujourd’hui le seul représentant qui évolue au plus haut niveau féminin. En Nationale 1, l’étage en dessous, nous retrouvons les clubs de Mios, Bègles ou bien Pessac qui s’affrontent et évoluent dans la même poule de notre réserve.
Cela nous oblige à chercher des éléments de différenciation pour poursuivre notre développement et notre structuration.
D.C : Justement, parle-nous de votre structuration ? Comment êtes-vous organiser actuellement ? M.C : Au niveau du sportif, c’est assez simple : nous avons un manager de l’équipe D2F, qui est professionnel, et qui coordonne les aspects techniques du club avec 7 joueuses professionnelles. Nous avons ensuite plusieurs éducateurs et encadrants pour les équipes jeunes. Idéalement, il nous faudrait quelques entraîneurs supplémentaires pour parvenir à avoir un éducateur par équipe. Nous avons plusieurs entraîneurs qui font des doublons sur plusieurs catégories et cela peut poser par moment quelques problèmes d’organisation. Sur la partie club, en complément des dirigeants, nous sommes 2 salariés administratifs : un secrétaire et un chargé de développement. Pour nous aider, nous faisons appel à une régie externe (LSB Group) à qui nous déléguons une partie prospection de partenaire, amélioration de nos outils commerciaux et animation de l’espace d’accueil sur les événements partenaires lors de match de l’équipe première. Nous avons également un partenariat avec l’école #AMOS qui nous permet de bénéficier de 4 étudiants mis à disposition pour chaque match. Nous leur confions des postes nécessitant des compétences bien spécifiques tels que l’accueil de partenaires et le contrôles de l’espace VIP, la billetterie ou encore l’animation live-score sur le web ou animation des réseaux sociaux. Enfin, on a la chance d’avoir une quinzaine de bénévoles qui s’investissent énormément au sein du club. On arrive à en mobiliser bien plus, mais seulement sur les grands événements. On voit même une implication ponctuelle des joueuses et joueurs du club.
D.C : Ce fonctionnement, semi-professionnel mais intégrant pleinement les bénévoles, est-il satisfaisant et suffisant pour vous ? M.C : Pour nous, je dirais que nous avons atteints certaines limites. Aujourd’hui le fonctionnement d’une association comme la notre nécessite une présence quotidienne tout au long de la journée, toute la semaine et toute la saison. C’est beaucoup demandé à un bénévole ! Autant nous arrivons à concerner du monde lors des événements ponctuels, autant nous manquons de monde pour des tâches aussi simple que de poser des affiches ou récupérer les prestations pour l’équipe réserve.
Et c’est compréhensible car les bénévoles ont aussi des contraintes liées à leur vie privée, avec une vie de famille et une activité professionnelle. La majorité de nos bénévoles ont entre 40 et 60ans, ce sont souvent des parents de joueurs ou joueuses du club, quelques retraités aussi. Et très peu de très jeune !
D.C : Comment tentez-vous de les fédérer ? M.C : Justement c’est une difficulté que nous rencontrons. On cherche à valoriser le bénévolat avec ce qui se fait un peu partout : On offre des t-shirts et des abonnements. On voudrait aller plus loin en organisant des repas et des moments conviviaux. On a du mal à les fidéliser ou à les impliquer davantage. Lors de mes précédentes expériences et à Basket Landes notamment, les bénévoles étaient beaucoup plus nombreux qu’au #MHB. Il était plus facile de les impliquer car le club était entièrement intégré et représentatif d’une ville. On le voit aussi à Bourges au Basket ou encore à Mios au handball où le club représente en grande partie l’image de la ville, du village. Sur Mérignac et l’agglomération Bordelaise, c’est plus difficile. Nous sommes noyés parmi une multitude d’associations. Je suis convaincu qu’il y a aussi un véritable travail sur l’encrage territoriale et le sentiment d’appartenance à faire ! Il faut devenir le club de la ville, de l’agglomération bordelaise.
Retrouvez la semaine prochaine la seconde partie de entretiens avec Mathieu Carrion qui nous présentera le projet du Mérignac Handball et la stratégie de développement. Nous parlerons budget, partenariat et communication.
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Force et Honneur
C.D.
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